La Pensée Universelle

"La Pensée Universelle" est le nom d'une S.A.R.L. parisienne, spécialisée dans l'édition à compte d'auteur, proposant à aux auteurs intéressés un contrat d'édition (lecture, correction, impression, diffusion, publicité, démarche auprès dees libraires de la région, d'une durée de deux ans) pour leur manuscrit.

Les premiers courriers sont alléchants, votre manuscrit a été retenu, et la société "est heureuse de l'insérer dans ses publications". Elle vous promet un savoir-faire de vingt-cinq années, comprenant tout ce que l'on peut attendre d'un éditeur lorsqu'on est novice, et même plus ! Jusqu'au pompeux dépôt légal au Ministère de l'intérieur et à la Bibliothèque Nationale, et des espaces publicitaires dans Livre Hebdo, et Le Magazine Littéraire, et également la "présentation du livre sur une grande radio généraliste nationale : RTL ou Europe 1".

Prix total du service d'édition : 21000 FF, à l'époque, soit environ 3201 euros.
Le prix du livre est fixé à 60 FF, soit environ 10 euros, avec 1000 livres publiés.

A la réception du premier contrat, la lecture laisse perplexe, avec beaucoup de flous. Il s'agit d'un contrat type, et un rendez-vous dans les locaux de la société devient indispensable, après tout, ces locaux existent-ils ?

Renseignements pris, "La Pensée Universelle" fut créée en 1970, enregistrée sous le n° 702037532 au registre de commerce de Paris. Siège : 115, boulevard Richard Lenoir, 75 111 Paris, société au capital de 250 000 FF au 09/01/85, pas de bilan financier déclaré depuis 1994, liquidation financiaire le 26/03/96.
La S.A.R.L. "Etoile de la Pensée" est crée le 30/07/97, avec un capital de 50 000 FF, enregistrée sous le n° B408419109 au registre de commerce de Paris, sous la gérence de Mme Anne Elmaleh, née le 07/04/67 à Boulogne Billancourt, dimiciliée 5, rue Adolphe Yvon, 75 116 Paris, mais aucun bilan financier n'est déposé au mois de novembre 1997, année de création de la société.

Lors du rendez-vous au siège de la société, toutes les questions concernant le contrat et la société elle-même sont abordées, et un nouveau contrat est défini, et doit être envoyé à mon domicile. Il est à noter que le directeur, monsieur Laurent Albie est très étonné que je possède des informations aussi détaillées sur la société.

Après une ultime modification, le contrat est signé, le 05/06/98.

Je reçois rapidement la première épreuve, que je corrige soigneusement, puis la seconde, que je retourne satisfait, accompagnée du "bon à tirer", lançant de manière irréversible la parution du livre. Cette dernière survient le 02/06/98, soit juste six mois après le premier courrier. Je reçois 500 exemplaires, les 500 autres étant stockés par la société, et disponibles à tout moment.

Un courrier suivant du service presse de la société fait état des organismes destinataires de la fiche technique de mon livre, et laisse présager de rapides retombées. Or rien n'arrive, je vends quelques livre à mon entourage, je participe à des ventes dédicaces que j'organise moi-même, mais rien de se débloque du côté des contacts de l'éditeur. Seule une interview par téléphone d'un journal local me fait espérer, mais il ne sera jamais publié, la journaliste étant stagiaire, et impossible à recontacter...

La publicité prévue sur les ondes a bien lieu, le dimanche 04/10/98, entre 19h30 et 20h00. Elle dure 30 secondes, auxquelles il faut retirer le temps du jingle, ce qui de laisse qu'environ 15 secondes pour promouvoir le recueil...

La plupart les librairies ayant reçu les fiches techniques de l'ouvrage ne sont pas intéressées pour avoir le livre en rayon, ni pour organiser une séance dédicace.

Bref, je me retourve seul pour vendre mes 500 livres. Je devais aussi recevoir tous les six mois un "relevé de compte" de la société pour connaître l'état des ventes du receuil par leur biai. Je n'en ai reçu aucun.

Le 15/05/2000, alors que le contrat arrive à son terme, et après plusieurs courriers sans réponse, j'envoie une ultime lettre, évoquant ma déception et réclamant mes 500 livres stockés. C'est alors que j'apprends que la société "Etoile de la pensée" a déposé le bilan, et est remplacée par "Les Editions De La Mezzanine", S.A.R.L. au capital de 50 000 FF, RCS Paris n° B429977077, située 17, allée Darius Milhaud, 75019 Paris.

Je peux heureusement récupérer le reliquat encore stocké chez eux, soit 500 livres, puisqu'ils n'en ont vendu aucun !

Conclusion :

-J'ai déboursé 21 000 FF pour faire imprimer 1 000 exemplaires d'un recueil de poèmes !
-L'ensemble du service d'édition n'est que de la poudre aux yeux pour jeunes écrivains naïfs.
-1 000 livres, c'est beaucoup trop pour une première édition, mieux vaut commencer par une plus petite quantité, 100 ou 200, et faire imprimer à nouveau lorsque le stock diminue.
-Il faut avoir beaucoup de temps disponible pour participer à des ventes dédicaces, salons du livre... et le but est de connaître de plus en plus de gens dans le milieu.
-Il faut s'inscrire à des concours de poésie pour se faire connaître.

La prochaine fois, si prochaine fois il y a, je ferai ça tout seul !!

 

J'ai encore de nombreux cartons pleins de recueils du même titre à la maison puisque à l'heure ou vous lisez ces lignes, je n'en ai vendu que 200 !